Chères adhérentes, chers adhérents, cher(e)s collègues

« L’arrêt public »… l’appétence pour la chose publique s’amenuiserait donc au fil de l’égrenage des générations. Se poser la question d’un modèle apparaissant comme daté, décalé des aspirations initiales qui ont guidé ses inspirateurs, ne remet pas en doute sa pertinence pour l’UNSA. Mais cela interroge sur ce qu’en ont fait les politiques successives, les gouvernements indépendamment des alternances, toujours agiles à en pointer les difficultés, en oubliant que ce modèle justement structure la société française, celle d’un égal accès pour tous aux métiers et fonctions, de la disponibilité, de l’accessibilité et de la continuité pour tous aux services d’intérêt général, autant de préoccupations au cœur de la vie des citoyens.

Le sujet de l’attractivité est une préoccupation centrale pour l’ensemble de la sphère publique, il réinterroge le rapport au collectif face à l’individualisme dont ils voudraient faire porter la responsabilité à cette nouvelle génération…la « Z ». A l’appui de cette analyse tronquée, la baisse de 65% en 20 ans des candidats au concours de la Fonction Publique, c’est un peu court. Pour l’UNSA, ce n’est donc pas tant la crise des vocations que l’attractivité même du monde public qu’il convient de bousculer. C’est un défi sociétal qui ne pourra faire l’impasse sur la reconnaissance et le sentiment d’appartenance à une organisation, ni celle d’un management désuet, vertical, encore moins celle du sens et les conditions psychologiques d’exercice des métiers.

Génération X, Y ou Z, toutes ont connu leurs clichés, leurs difficultés et un bousculement des habitudes de travail, du rapport à ce monde public qui a du sens. Or, c’est bien justement cette génération dite « Z », positive, polyvalente, curieuse, qui peut et doit être un formidable atout pour la réforme de l’état, par son agilité, sa capacité d’innovation et de développement en réseau, sa nativité digitale, sa pluridisciplinarité, sa capacité à s’adapter en permanence… bien davantage qu’une énième réforme budgétaire. Donner du sens, valoriser l’humain, proposer des initiatives, développer la solidarité, contribuer au développement écologique, à l’environnement, garantir l’équité, la protection des plus faibles. Attachés à la rentabilité ? Oui mais au profit de tous. Qui mieux que la Fonction Publique réunit autant de possibilités de vivre ces valeurs. Alors non, cette nouvelle génération ne saurait être celle qu’ils voudraient nous faire croire, elle peut être la « force de frappe » de l’engagement public de demain, pour peu que ses aspirations seront écoutées. Leur faire une place, tout simplement, parce que justement l’essence même de la Fonction Publique coche les cases de leurs aspirations.

Voilà en guise de compréhension, un ministre de la transformation et de la fonction publique, Stanislas Guérini, qui entame sa saison 2 de réforme de l’institution en commençant par distiller une volonté de licencier les agents publics. Un tel sens aigu de la négociation, « tu l’as ou tu l’as pas », faut pas chercher. Encore un acte manqué ! « Stanis… lasse tout le monde ».

Laurent TINTIGNAC - Secrétaire général de l’UNSA Défense

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