Monsieur le Secrétaire Général pour l’Administration, Monsieur le Directeur,

Mesdames, messieurs.

Définissons la conception d’un mouvement fort et uni, dans le respect des grands principes suivants : attachement à la laïcité de la République, à la démocratie, aux libertés, à la justice sociale, à la solidarité, à la défense du Service public, au droit à l'emploi, à la fraternité et la tolérance, dans la fidélité au principe de l'indépendance. Un mouvement qui fait de la lutte contre les discriminations un principe fondateur en refusant toute forme de discriminations.

Imaginons une économie au service de la personne humaine, face à une organisation des sociétés et des relations entre les individus qui reste un système complexe, engendrant une succession perpétuelle d'actions et d'adaptations, à la source de l'évolution dynamique des sociétés. Comme toute action humaine, cette organisation des relations ne répond pas qu'aux seules règles de la rationalité économique. L'approche uniquement économique est réductrice et simplificatrice; d'autres paramètres doivent intervenir qui sont d'ordre éthique et qui touchent quelquefois à la finalité de la vie. Pour tenter de comprendre ces mécanismes, il est indispensable de replacer l'être humain au centre de l'analyse et de cerner toutes les composantes de la société sous leurs aspects sociaux, juridiques, économiques...

L'Histoire a montré que, chaque fois que des régimes politiques ont fait obstacle à la liberté des individus de produire et d'échanger, cela a conduit à de graves dysfonctionnements économiques et à une remise en cause des libertés. Mais l'Histoire nous a aussi démontré que d'autres régimes politiques ont violé les libertés individuelles et collectives au nom de la défense de la libre entreprise et ont produit de très graves inégalités sociales. La liberté d'initiative dans le domaine économique, comme toutes les autres libertés doit être respectée et défendue. Comme toutes les autres libertés, elle n'est compatible avec la Démocratie que si elle s'inscrit dans un cadre institutionnel et juridique qui s'assure que la liberté des uns ne se paie pas de l'oppression, de la stigmatisation, de la discrimination ou de la misère des autres. C’est dans ce cadre institutionnel que doivent s’articuler les libertés économiques avec l'équité et la justice sociale.

En cela, le rôle économique de l’État, tout particulièrement en ce qui concerne les investissements d'infrastructures, d'éducation et de formation, de culture, de recherche et de développement technologique, demeure fondamental et complémentaire des performances accomplies dans la sphère marchande. Ainsi, toute politique nationale d'aménagement économique, si elle doit tenir compte des impératifs économiques du marché, doit aussi intégrer le développement harmonieux de la société comme but principal de toutes activités, en favorisant l'intégration et la promotion de l'individu. Au lieu de cela, le renchérissement des coûts de production des entreprises se traduit soit par des plans sociaux, soit par une stagnation, voire une diminution des salaires, par une utilisation massive du travail précaire, réducteur des droits. Ces réalités économiques entrainent une aggravation des problèmes sociaux, un gâchis économique, humain et environnemental considérable qui impose une politique de développement incluant des clauses sociales. Cela rend donc impérative une régulation économique et en cela, l’Europe peut servir d’exemple, au titre de la convention européenne des droits de l’homme et de la charte sociale européenne, elle qui réunit des pays sensiblement comparables et a l'ambition de ne pas se limiter à une simple zone de libre-échange.

Les inégalités sociales en Europe comme en France demeurent fortes, insupportables pour beaucoup, malgré l'accroissement considérable des richesses indépendamment des périodes de ralentissement de l'activité. Nul doute qu’une des réponses possibles à cette situation est une transformation radicale du rapport de l'homme au travail. Et cette transformation implique une négociation à tous les niveaux entre les partenaires sociaux. La redistribution du travail doit être l'une des réponses qu'il convient d'étudier dans le cadre d'un nouveau rapport au travail. Elle doit être négociée tant dans ses modalités d'application, d'organisation et de temps de formation que sur ses contreparties salariales et sociales. La rapidité des progrès technologiques, la diversité des modes de consommation nous obligent à une perpétuelle remise en cause de notre savoir. Il est patent que la pratique toute une vie d'un seul métier n’est plus la règle, mais l'exception. Cette adaptation n’est d'ailleurs pas que professionnelle, elle est aussi géographique et la formation doit favoriser cette adaptabilité professionnelle.

Citoyen dans la société démocratique, le salarié ne peut être réduit au rôle de « sujet » dans l'entreprise et ses droits ne sauraient dépendre ni des aléas du marché, ni de la taille de l'entreprise, il doit être égal pour tous.  L'organisation du travail ne peut se limiter aux objectifs de productivité ou de qualité, elle doit prendre en compte les effets nuisibles des conditions de travail sur la sécurité, la santé et le bien-être des salariés. La légitimité reconnue de la représentation syndicale est garante du bon fonctionnement des institutions représentatives.

En ces périodes troubles, la cohésion de notre société importe plus que jamais. L'État, au travers de l'action des Services Publics, a un rôle majeur à assumer. Il faut, que soient affirmés son rôle et sa place dans notre société. La notion même de service Public est inséparable de la conception républicaine de l'État. Elle est indispensable à la mise en œuvre des principes de liberté, d'égalité, de fraternité, de solidarité. C'est un garant essentiel de l'unité nationale et procède des fondements mêmes de l'État républicain. Cet État républicain doit mettre en œuvre une politique qui assure l'égalité d'accès aux services publics. Il ne suffit pas d'affirmer que les " Hommes naissent libres et égaux en droits », encore faut-il que la société organise ces droits afin qu'ils ne soient pas seulement formels. Il faut rendre leur citoyenneté à tous ceux qui en sont exclus et qu'ils redeviennent les acteurs de leur propre histoire. A cet effet, la société doit organiser des Services Publics propres à développer les qualités du citoyen et son libre arbitre. Seul un grand Service Public laïque et républicain peut atteindre ce but en toute équité et neutralité.

Disposer d’une vision au service de la dignité humaine qui situe l'émancipation des femmes et des hommes au centre de la réflexion, qui prend en compte la nécessité de poursuivre la lutte pour l'égalité des droits entre les femmes et les hommes. Défendre partout et toujours les droits individuels et collectifs : la liberté, l'égalité, la démocratie, la laïcité, la solidarité et les valeurs républicaines. Bien sûr, la lutte contre toutes les formes d'exclusion, de violences, de discriminations liées à la couleur de peau, à l’origine, à la religion, au handicap, à l’orientation sexuelle, implique l'égalité des droits des citoyens. L'éducation aux droits de la personne humaine est nécessaire et favorisera l'exercice de la citoyenneté impliquant droits et devoirs pour vivre ensemble dans le respect et la tolérance mutuels.

Le risque aujourd'hui c'est que s'instaure une société française "éclatée" dont certains s'accommoderaient et où l'exclusion sociale alimenterait l'exclusion citoyenne.

Voyez-vous, monsieur le Secrétaire Général, nous comprendrions que vous soyez surpris à l’écoute de cette déclaration UNSA ce 4 juillet 2024, entre les deux tours d’une élection législative aussi soudaine qu’incertaine, qui risque de rebattre les cartes de notre société. Alors reprenez si vous le voulez bien le fil de cette déclaration liminaire et au début de chaque phrase, rajoutez le mot UNSA. Vous aurez là, les principaux extraits de la charte des valeurs de notre organisation syndicale UNSA, la conception du vivre ensemble sur laquelle repose l’engagement de chacune et de chacun de nos responsables, élu-es, délégué-es, militant-es, celles et ceux que vous-même et les employeurs du ministère des Armées connaissent bien. Cette charte est notre bien syndical commun et représenter l’UNSA, c’est aussi la faire sienne, adopter cette charte en toute connaissance de cause. Chacun reste libre de ne pas y adhérer bien sûr… dès lors il ne saurait se prévaloir de l’expression UNSA. L’exercice que je vous propose est sans doute un peu fastidieux, j’en conviens, mais reconnaissez-nous le droit et le devoir, une fois n’est pas coutume, de rappeler les fondements sur lesquels nous avons bâti notre engagement, notre conception du vivre ensemble… syndical bien sûr, humain surtout… y compris au sein de cette instance… vous le savez d’ailleurs parfaitement.

Nous vous remercions de votre attention et peut-être de votre relecture à la lumière de cette dernière explication. Les élus UNSA-Défense interviendront au fil des sujets traités ce jour.

Pour l’UNSA : Laurent Tintignac / Nathalie Albertin / Stéphane Belzic / Stéphane Simon / Nathalie Cornic / Francis Dubois

Téléchargez la DL du CSAM du 04.07.24